Ainsi soit-île…
A la fois endroit le plus isolé du monde
et lieu à la plus forte concentration archéologique de la planète
(2500 sites recensés sur une superficie 50 fois inférieure à celle de la Corse),
l’Ile de Pâques n’a pas cessé, depuis sa découverte au XVIIIème siècle,
de défier le monde scientifique.
Ses colossales statues, ses hommes-oiseaux, ses cavernes aux trésors,
son indéchiffrable écriture, ses rites cannibales,
voire ses bienveillants extra-terrestres
ont tissé d’inextricables énigmes qui permettent d’échafauder,
à propos de cette île si mystérieuse dite « Nombril du Monde »,
les plus fantastiques des hypothèses…
J’y suis allé !
Je n’en reviens pas…
M.C.
Mise en bouche…
Prenez une carte de France et découpez la en 3200 morceaux.
Vous obtenez la carte de l'Ile de Pâques...
Lorsqu’il la « découvrit », le Dimanche 5 avril 1722, Jour de Pâques, l’Amiral hollandais Jacob Roggeveen baptisa prosaïquement cette terre nouvelle « Ile de Pâques ». Ce qui dénote chez cet éminent navigateur un manque évident d’imagination. Pourtant, trois cents ans plus tard, cette appellation demeure d’actualité, même si, en langage local, cette île singulière porte le nom de « Rapa Nui ».
Depuis donc sa découverte, l’Ile de Pâques n’a cessé de défier le monde scientifique, tant tout paraît insolite et déconcertant sur ce minuscule territoire qui, au beau milieu du Pacifique, s’avère un virtuose dans l’art d’entretenir les mystères.
Prenez d’abord des centaines de colossales statues de pierre (les « moaï ») éparpillées tous azimuts et qui, depuis des lustres, interloquent historiens et savants quant à leur confection, leur manutention, leur signification et leur vaniteuse démesure…
Ajoutez une écriture on ne peut plus « bizarroïde », sculptée sur bois précieux (les « rongo rongo ») et dont les rarissimes exemplaires miraculeusement épargnés de la destruction systématique dont ils furent l’objet de la part des « bons missionnaires », résistent hermétiquement, aujourd’hui encore, aux tentatives de décryptage les plus sophistiquées…
Agrémentez d’un culte religieux, lui aussi totalement atypique, (l’homme-oiseau), aux frontières de l’« idéologiquement correct » avec même une certaine inclination naturelle au cannibalisme…
Saupoudrez d’un destin hors du commun, empreint, en permanence, d’une tragédie latente peu ordinaire : razzias esclavagistes, tyrannies, épidémies, cataclysmes et décadence…
Délayez le tout dans l’extrême isolement de ce caillou qui, tout en se voulant « nombril du monde », n’en demeure pas moins, tout autant, l’endroit le plus « paumé » de la planète.
Touillez énergiquement et vous disposez ainsi d’un cocktail exotique et détonant à souhait, propre à faire fantasmer le monde entier…
D’aucuns n’ont, d’ailleurs, trouvé d’autre explication aux énigmes de Rapa Nui que de louer la bienveillante intervention des gentils extra-terrestres. J’ignore si les Pascuans ont eu recours à ces providentielles visites intersidérales. Par contre, ce que j’ai pu constater, à l’issue du (bien trop court) séjour que j’ai eu le privilège d’effectuer là-bas, c’est que de par son isolement, l’Ile de Pâques est, totalement « extra-terrestre » en elle-même...
Quinze mille kilomètres me séparent donc à nouveau des moaï de Rapa Nui mais je ne peux, pour autant, me défaire des ondes magiques qu’à distance, me pulse leur « mana ». Quelle force obsessionnelle me pousse donc à vouloir retourner au plus tôt, sur cette île si envoûtante, tout là-bas, au bout du bout du monde?
Intimement convaincu que bien des émotions m’attendent encore sur les « ahu » et dans les « ana » de Rapa Nui, il m’apparaît, tout en paraphrasant Pauwels, qu’à Pâques plus que nulle part ailleurs, « derrière le visible simple, se cache un invisible compliqué ».
M.C. 2005
In memoriam, à l’île assassinée…
La flottille de la honte…
On estime à 5000 habitants la population de l’Ile de Pâques en 1860.
Le 12 décembre1862, une flottille de six ou sept navires péruviens accostent à Hanga Roa, sous les ordres du Commandant AIGUIRRE.
Pendant les premiers jours, les nouveaux arrivants entretiennent les insulaires dans un faux climat de courtoisie et de confiance, en leur « offrant » une multitude de cadeaux de pacotille.
Mais, soudain, la situation vire au cauchemar. Par la force des armes, les Pascuans sont faits captifs par les envahisseurs dont les véritables intentions sont loin d’être aussi pacifiques et désintéressées qu’ils ne le prétendaient…
Les indigènes, sans défense, sont victimes d’un authentique massacre.
1407 Pascuans (en priorité, les hommes les plus valides), sont capturés à fins d’esclavage et déportés dans les mines de guano des Iles Chincha au Pérou. Parmi les captifs de cette razzia, figurent tous les chefs spirituels de l’île, dont le roi KAIMAKOI et son fils MAURATA.
En 1864, grâce à l’intervention indignée de Monseigneur Tepano JAUSSEN (Evêque de Tahiti) et de M. de LESSEPS, Consul de France à Lima, le gouvernement péruvien procède, sous la pression de l’opinion internationale, au rapatriement en catastrophe, des quelques esclaves pascuans survivant encore dans les mines de guano. Ils sont ainsi environ 400 à être entassés sur un bateau prévu pour ne pouvoir transporter que 150 passagers. Les conditions sanitaires sont déplorables. Au fur et à mesure de la traversée, on se débarrasse des cadavres par-dessus bord. La quasi-totalité des Pascuans est atteinte de terribles maladies : diarrhée, tuberculose et variole.
A l’arrivée sur l’Ile de Pâques, on procède au débarquement de 150 esclaves dont 135 cadavres…
Seuls, sur les 1407 Pascuans capturés 15 sont donc rapatriés « vivants » sur leur île natale. Mais ils sont dans un irréversible de petite vérole et de tuberculose.
Ces « rescapés » ne tarderont pas à contaminer leurs congénères dont la population ne cessera plus désormais de s’étioler, pour ne compter plus que 111 individus en 1877 selon le recensement officiel réalisé par le Français Alphonse PINART...
Au-delà de cet effroyable massacre humain qui tient du génocide, la razzia du sinistre Commandant Aiguirre a eu pour effet d’effacer à jamais le patrimoine spirituel et culturel de l’Ile de Pâques, tous ses « sages » et ses « initiés » ayant été exterminés.
Il n’existait pas de pire engeance pour prétendre vouloir mieux anéantir à jamais la mémoire-même de Rapa Nui.
M.C.
Prenez une carte de France et découpez la en 3200 morceaux.
Vous obtenez la carte de l'Ile de Pâques...
(Document-source "Le Routard Chili").
L’Ile de PAQUES est reconnue comme étant l’endroit le plus isolé du monde.
L’Ile de PAQUES est reconnue comme étant l’endroit le plus isolé du monde.
Même aux pôles, on est plus proche d’une grande ville moderne qu'à RAPA NUI.
« Sur l’Ile de Pâques,
« Sur l’Ile de Pâques,
notre forme d’intelligence est sans cesse remise en question car, ici,
il n’y a plus de logique. » Francis MAZIERE (1964)
Seuls, deux vols hebdomadaires font escale sur la piste de MATAVERI.
La Compagnie chilienne LAN CHILE en détient le monopole.
Ce qui permet de réguler la fréquentation touristique,
« Patrimoine de l’Humanité » par l’UNESCO en 1995.
En préambule...
Pour une meilleure compréhension des noms de sites,
voici la traduction de quelques mots de base du vocabulaire rapanui.
Ces mots ne prennent jamais la marque du pluriel...
AHU = plate forme
ANA = caverne
HANGA = baie
HARE = maison
HENUA = monde
ITI = petit(e)
KAU = large
MANU = oiseau
MATA = oeil
MOAÏ = statue
MOTU = îlet
NUI = grand(e)
RANGI = ciel
RANO = volcan
RAPA = île
ROA = long(ue)
TANGATA = homme
URI = noir(e)
VAI = eau
Host'île!...
Rapa Nui: "l'île grande"...
Ses contours sont vagues...
"Pacifique"?.. Pas tant que ça...
Comme si son extrême isolement ne suffisait pas,
RAPA NUI est quasi inaccessible par la mer.
Le fracas incessant des déferlantes
sur ses côtes déchiquetées
a ceinturé l’île d’innombrables épaves.
"Je suis pris de cette angoisse spéciale qui est l’oppression des îles
et qu’aucun autre lieu au monde ne saurait donner aussi intensément que celui-ci"
Pierre LOTI (1872)
HANGA ROA « Capitale » et unique agglomération de l’île…
3791 habitants ont été recensés en 2003.
3791 habitants ont été recensés en 2003.
50 d’entre eux seulement sont de type 100% polynésien.
Aujourd’hui, la « caleta » d’Hanga Roa, port minuscule et rudimentaire
sert de havre de fortune aux artisans-pêcheurs et de débarcadère aléatoire
aux téméraires visiteurs venus par la mer…
Hanga Roa dépend du bon vouloir de ses marées.
Et en dépit de l’abondance des espèces marines,
le métier de pêcheur, périlleux et aléatoire,
n’y dépassera jamais le stade artisanal.
Zélées, les pancartes rustiques de Rapa Nui…
Les enseignes sculptées témoignent de la prédilection des insulaires pour le travail du bois.
Chichen Itza 6027 km
Sphinx 16160 km
Tour Eiffel 14722 km
et Eglise 450 mètres…
L’art de tourner en dérision l’isolement extrême de l’île…
Par bonheur, le cheval-vapeur n’a pas encore réussi
Mais, jusqu’à quand ?...
Ô cultes!
D’étranges créatures aux pupilles d’obsidienne hantent l’église Santa Cruz ...
Cultes mêlés avec un dénominateur commun : l’oiseau…
Saint François d'Assise
vu par Anselmo TUKI
"L'Esprit Saint"
par Juan HAOA
Oeuvre contemporaine s'nspirant de VAI A HEVA,
la colossale gargouille sculptée sur le flanc-même du Volcan POIKE.
Le Cimetière de Hanga Roa:
Ici, reposent pêle-mêle,
"hommes-oiseaux", tyrans, martyrs et naufragés...
Religion et paganisme se côtoient avec une étonnante naïveté...
L'effigie de "manutara", l'oiseau divinisé, sculpté sur l'oeuf sacré en tuf rouge de Puna Pau,
un pan de moquette pistache pour gazon, un vrai-faux bouquet d'anthuriums
et deux éclats de trachyte blanc du Volcan Poïke constituent l'hétéroclite inventaire
du mausolée de feu "l'homme-oiseau"...
Calfeutrée sous un édredon de fleurs odorantes,
Hanga Roa se pomponne...
Cette luxuriance, savamment entretenue par les insulaires, a « surtropicalisé » la capitale,
pour un meilleur agrément des résidents et des touristes en quête d’exotisme.
Bougainvilliers, palmiers-dattiers, capucines...
Cocotiers...
Mimosas, orangers, alamandas et hibiscus
pour exorciser l'implacable désert végétal qui règne sur l'île...
A la fois, emblème et énigme,
l'omniprésent "moaï"...
Il n'existe pas deux moaï identiques.
Chacun est une oeuvre unique.
Près de 10 siécles durant, et au prix d'efforts titanesques,
les indigènes de Rapa Nui ont passé le plus clair de leur temps
à ériger ces gigantesques statues, symboles de leur orgueil démesuré...
Mais, de nos jours, les moaï, pour la plupart, sont renversés,
victimes des guerres tribales du 17ème siècle qui, en quelques lunes seulement,
ont réduit à néant les siècles de labeur surhumain
qui avaient été nécessaires à leur confection, leur transport et leur érection...
On renverse les statues ennemies, on torture les vaincus, puis on les mange.
La chair humaine devient un plat recherché, car l’homme est, ici,
le seul grand mammifère comestible. » Maurice SOUTIF (1985)
On fait désormais la guerre par gourmandise...
AHU VAI HU Face contre terre, au comble de l’humiliation…
AHU AKA HANGA
16 moaï culbutés gisent sur le site d’Ahu Aka Hanga. Mais ils n’y seraient pas les seuls. La tradition orale affirme que Hotu Matu’A, le premier roi, en personne, y est, aussi, enterré…
Une lèpre de sel et de vent ronge les agonisants du bord de mer...
Clin d'oeil... Une dérisoire fleur de lichen illumine l'orbite énucléée du titan déchu...
Sous ce mastodonte culbuté, gît, paraît-il, HOTU MATU'A, premier roi de RAPA NUI...
RANO RARAKU
Attention, carrière!
Sorties de moaï...
trois fois inférieur à celui de la Principauté d'Andorre...
887 monstres de lave pétrifiée ont surgi des entrailles du volcan pour alimenter l'un des plus déconcertants mystères archéologiques de la planète...
D'ici, 380 de ces moaï ont été acheminés tous horizons sur Rapa Nui, pour être érigés,
chacun, sur un "ahu". Les 500 autres n'ont jamais quitté leur carrière natale.
Pourtant, 193 d'entre eux étaient parfaitement achevés.
Et, soudain, le temps s'est arrêté...
Désormais, sur les flancs du volcan géniteur, ces 193 sentinelles, frustrées mais stoïques,
attendent désespérément le signal d'un départ qui ne viendra plus...
"Rano Raraku demeure un des plus grands et des plus étranges monuments de la Création,
le monument d'un passé inconnu et perdu, en même temps qu'un avertissement
sur la fugacité des choses futures." Thor Heyerdahl (1955)
Pour quitter la carrière, chaque moaï devait patiemment attendre le décès d'un notable
dont il perpétuerait désormais la mémoire pour l'éternité...
Tournant le dos à la mer pour que son regard protecteur veille sur la tribu ou le village,
le moaï perpétuait ainsi le "mana" (pouvoir) du défunt et favorisait le culte des Ancêtres.
"C'est l'ombre des sculpteurs inconnus du passé qui domine cette île.
Ils sont plus actifs et plus réels que la population vivante.
Ils règnent souverainement, avec leurs colosses comme vassaux." Katherine Routledge (1914)
"Ce prodige du colossal dans un univers minuscule, chez des hommes dénués de tout,
voilà tout le mystère de l'Ile de Pâques." (Alfred Métraux 1935)
TUKUTURI ou TUTURI
Serait-ce le "chaînon manquant" entre les TUKI de Polynésie et les MOAÏ de Rapa Nui?...
Exhumé du flanc Est du Volcan de Rano Raraku, par Thor Heyerdahl en 1956,
TE TUTURI est le seul moaï "à genoux" de Rapa Nui.
Assis sur ses mollets, Te TUTURI semble figé dans la posture du "Upa Upa",
l'antique danse oscillante des chanteurs Pere E Iti.
TE TOKANGA 21,60 mètres pour 174 tonnes:
le plus grand moaï qui ait été sculpté...
Aussi haut qu'un immeuble de huit étages et figé dans sa léthargie éternelle,
"TE TOKANGA - EL GIGANTE" ("Le Géant") symbolise la vanité démesurée de ses auteurs.
Solennelle et muette, l'interminable attente des moaï abusés de Rano Raraku...
A l'époque, ni cheval, ni métal, ni roue...
Comment, diable, les moaï ont-ils été déplacés sur des kilomètres?...
Les Martiens à la rescousse...
Des dizaines de théories, parfois des plus extravagantes ("lévitation, lances thermiques, lasers, caravanes d'éléphants, extra-terrestres, et même ruisseaux de purée de patates douces"...)
ont été émises pour expliquer leur acheminement vers leur lointain ahu de destination...
ont été émises pour expliquer leur acheminement vers leur lointain ahu de destination...
"L'Ile de Pâques est l'une des pierres angulaires de la mosaïque de ma cosmovision."
Erik Van Daniken (1970)
Plus vraisemblablement, les Pascuans utilisèrent une quantité phénoménale de rondins de bois
qui se solda par... la déforestation totale de l'Ile.
Ainsi précipités, à la fois, dans le plus strict dénuement et dans un extrême isolement
(impossible désormais de construire des embarcations...),
les insulaires sombrèrent alors dans de fatales guerres tribales
qui accentuèrent d'autant leur vertigineuse décadence...
Au fil des siècles, les rives mouvantes en joncs "totora" du lac de cratère
auraient été le théâtre de bien étranges ablutions...
"Les dolmens du néolithique, les immenses temples incas et les Pyramides d'Egypte sont bien moins impressionnants que les statues colossales de l'Ile de Pâques." Amiral LAPELIN (1872)
Etrange promiscuité entre l'immobilisme contenu des moaï
et la liberté hautaine des chevaux sauvages...
D'autres semblant, déjà, avoir totalement capitulé...
Les Anciens affirment que les moaï sur lesquels croissent les lichens sont des moaï "morts",
à jamais débarassés de leur pouvoir magique, le "mana"...
Vestiges...
Vertiges...
Et moaï, et moaï et moaï...
Certains rêves, un jour, se réalisent... Comme toucher du doigt le mystère des moaï,
qui, tels des icebergs, dissimulent, à nos yeux la majeure partie de leur volume...
AHU TONGARIKI, "l'Ahu des rois des Iles Tonga"...
Si ce site est réputé le plus spectaculaire de Rapa Nui, c'est qu'il le doit à l'exceptionnelle conjonction du miracle et de la technique...
En effet, le 21 mai 1960,
une vague de 12 mètres de haut déferla, à plus de 800 km/h
sur le site de Tongariki...
Ce raz de marée dévastateur, consécutif au tremblement de terre de Concepción au Chili
(et son record de 9,5 sur l'échelle de Richter!), arasa totalement les lieux...
Grâce au mécenat d'une entreprise japonaise et au génie de l'Archéologue chilien Claudio Cristino, le site laminé fut reconstruit à l'dentique...
Trois ans de travaux (1992-95) et un million de dollars ont été nécessaires pour reconstituer,
du simple gravillon au colosse de plusieurs tonnes, ce puzzle gigantesque de plus de 30 000 pièces...
Les brumes côtières s'estompent. Un jour nouveau se lève sur l'Ahu TONGARIKI.
Perchoir idéal pour mieux saluer l'aurore...
Il y a de l'Odyssée...
Ce moaï solitaire a connu un destin privilégié.
Il a présidé, en personne, l'Exposition Internationale d'Osaka.
Aujourd'hui, le "Moaï voyageur" (c'est désormais son nom) a retrouvé
la quiétude de son île natale...
"Avec nos grues, nous restaurons même l'Histoire."
Tel était le slogan de l'entreprise japonaise de levage TADANO
dont le mécénat a permis la restauration du site...
Trois ou quatre tsunamis par siècle ravagent l'Ile de Pâques...
Pourtant, depuis 1960, l'océan a observé un bien étrange répit...
Alors?... Les fiers moaï d'Ahu TONGARIKI réussiront-ils à défier longtemps encore,
le prochain tsunami qui les tient à sa merci?...
Impeccable "salut aux couleurs" lors d'une aube flamboyante...
PAPA TATAKU POKI
Autrefois abondantes, les tortues ont déserté les eaux pascuanes.
Seules subsistent aujourd'hui leurs effigies fossilisées dans la lave calcinée du volcan.
Sculptés à même le sol, des pétroglyphes de tortues, de thons
et de l'incontournable "homme-oiseau".
Quel hymne national fige solennellement ces 15 rugbymen de pierre?
Ile de... Pack?
TE PARO: Son cauchemar s'achève...
AHU TE PITO KURA
9,84 mètres et 74 tonnes...Le moai TE PARO est le plus grand (et le dernier) qui ait été érigé sur Rapa Nui.
Ce qui ne l'a pas empéché de gésir aujourd'hui, destitué et face contre terre.
Toutefois, son humiliation devrait tantôt s'achever. Il sera le prochain restauré...
L'énigmatique oeuf de Pâques...
TE PITO O TE HENUA
La provenance de cet étonnant oeuf de pierre qui affole les boussoles, demeure, à ce jour, inexpliquée. Hotu Matu'a, le premier roi, l'aurait-il amené là, depuis son île natale de Tangaroa?
"Utérus de la Planète"... "Nombril du Monde"...
Les amateurs d'ésotérisme convergent du monde entier
pour se ressourcer au "mana" magique de cet oeuf parfaitement poli.
Trop poli pour être honnête?...
ANAKENA l'unique plage de l'île...
C'est ici, sur le sable blanc d'ANAKENA, que le premier migrant posa le pied.
Sans doute, le roi Hotu Matu'A lui-même...
Le "Résolution" de James COOK en 1774 et "La Boussole" de La PEROUSE en 1786
mouillèrent notamment dans cette unique anse naturelle hospitalière de Rapa Nui.
Seul site de l'île où il soit raisonnable de se baigner...
Les palmiers d'ANAKENA ne sont pas endémiques...
Ils proviennent de Polynésie et leurs noix sont, désespérément, stériles...
Pourquoi donc, là-bas sur la touche,
les moaï d'AHU NAU NAU tournent-ils le dos aux footballeurs?
Bouderaient-ils le match?
A l'ombre diaphane des cocotiers,
le sable immaculé d'ANAKENA se prête aisément à la méditation.
Oasis de verdure sur dune du Sahara: dépaysement éphémère garanti...
AHU NAU NAU
"Nau Nau" était le nom d'un arbre très odorant, semblable au santal. ses noix comestibles étaient utilisées par les enfants pour la confection de toupies.
Les moaï d'AHU NAU NAU sont les plus récents.
Leur altière élégance témoigne de l'évolution remarquable de la dextérité des sculpteurs pascuans.
C'est ici-même, en 1978, qu'en restaurant le site,
Sonia HAOA, assistante de l'archéologue local Sergio RAPU,
a découvert le premier oeil de moaï en corail blanc.
D'étranges tatouages ornent les reins du "TANGATA MAKO", ce singulier homme-lézard...
Les lantanas sauvages grimpent à l'assaut des colosses d' AHU NAU NAU.
Dignement enchapeautés de leur "pukao" de 12 tonnes,
les moaï d' AHU NAU NAU veillent fièrement sur la plaine...
AHU ATURE HUKI
Adossé à la dune, à l'écart de ses dédaigneux voisins d'AHU NAU NAU,
ce moaï, d'envergure modeste et presque anonyme, est pourtant entré dans l'Histoire...
En effet, le moaï d'AHU ATURE HUKI fut le premier à être "relevé" par Thor Heyerdahl et une douzaine de Pascuans, en 1955, selon la méthode dite "des leviers et des petits cailloux".
Caleta de HANGA ROA
Sur le site de AHU TAUTIRA,
rois moaï plus ou moins érodés supervisent le petit port de la Capitale...
AHU TAUTIRA
Ces trois sentinelles immobiles doivent leur survie
aux soins attentifs de leurs restaurateurs Seelenfreund, Charles Love et Sergio Rapu.
HANGA ROA s'endort. L'angoisse empreint le crépuscule...
AHU AKAPU (ou AHU HANGA KI'OE)
Le moaï cobaye...
Cet austère solitaire fait l'objet d'une expérience de conservation par imprégnation de silicone.
C'est une Française, Gisèle HIVER, qui est à l'origine de ce procédé.
Si ce traitement s'avère satisfaisant, il sera généralisé aux autres monolithes de l'île.
Sculptés ou décapités, les cinq moaî blessés de AHU VAI URI...
AHU VAI URI "Les eaux noires"
William MULLOY, l'anthropologiste américain qui consacra la majeure partie de sa vie
à l'étude de l'Ile de Pâques, repose au pied du site.
Ni coiffure, ni yeux...
Le moaï de TAHAI n'a pas eu droit aux mêmes faveurs
que celui de KOTE RIKU, son tout proche voisin.
AHU TAHAI, à gauche... ...à droite, AHU KOTE RIKU.
T'as de gros yeux, tu sais...
"Hallucinante vision d'un monde oublié!...
Dans ce décor de vent, tout, ici, retourne au visage de la peur." Francis MAZIERE (1964).
"MATA KI TE RANGI"
Nul autre moaï que le KOTE RIKU ne peut mieux illustrer le surnom de l'Ile de Pâques:
"Les Yeux levés vers le Ciel".
Mais chut... Ses yeux seraient des "faux", (en ciment blanc), placés, en 1990,
pour les besoins d'une photo du magazine français "Paris Match"...
Ils rêvent de Marquises...
Imperturbables, les "Sept Singes", comme on les a, si irrévérencieusement surnommés,
fixent, par delà l'horizon, HIVA, leur lointaine île natale...
AHU AKIVI
Seuls à regarder vers l'océan, ils sont censés représenter les 7 éclaireurs
mandatés par HOTU MATU'A, pour repérer les lieux, avant le débarquement originel...
L'orientation du site d'AHU AKIVI jouerait un important rôle astronomique...
AHU AKIVI fut le premier site à être restauré, en 1960-61,
par William MULLOY (USA) et Gonzalo FIGUEROA (Chili).
Avec ses deux façades maritimes, son promontoire panoramique,
ses carrières et l'eau douce à proximité, AHU VINAPU était un site stratégique privilégié.
Il fut le lieu de résidence de la Tribu HAU MOANA, la plus puissante de l'île.
ses carrières et l'eau douce à proximité, AHU VINAPU était un site stratégique privilégié.
Il fut le lieu de résidence de la Tribu HAU MOANA, la plus puissante de l'île.
"Celui qui habite ici tend toujours l'oreille vers on ne sait quoi.
Il sent inconsciemment qu'il se trouve dans l'antichambre de quelque chose de plus grand encore, qui dépasse la portée des sens." Katherine Routledge (1914)
AHU VINAPU Les historiens au pied du mur...
Les Incas seraient-ils passés par là?...
De mystérieuses jointures au millimètre...
Les similitudes flagrantes entre les murs cyclopéens
de AHU VINAPU (Rapa Nui), de CUZCO (Pérou) et de TIAHUANACO (Bolivie),
ont amené Thor Heyerdahl à émettre l'hypothèse que les premiers habitants de l'Ile de Pâques auraient été d'origine amérindienne...
Cette théorie a fait long feu aujourd'hui:
les datations modernes permettent d'affirmer
que les murs de AHU VINAPU sont antérieurs aux murailles incas...
Les "Pukao"... Carrière de PUNA PAU
Les "Pukao" sont les chapeaux des moaï.
Ces coiffures de titans furent sculptées, sur place dans les scories volcaniques du PUNA PAU.
Ces chignons doivent leur couleur rouge à une surconcentration d'oxyde de fer.
Certains scientifiques voient dans le "pukao" le symbole de la "Connaissance".
"Creusés pour s'emboîter sur le crâne plat des géants, les alvéoles des pukao sont énormes
et l'on y trouve facilement refuge pour dormir ou se protéger de la pluie." Francis Mazière (1964)
Et comment donc, le pukao (qui pesait entre 5 et 12 tonnes!), était-il déposé (en douceur?)
sur la tête du moaï, ultérieurement à son érection?... Encore un mystère...
Touristes à la queue leu leu, sur les flancs du volcan de PUNA PAU.
Les réponses aux énigmes de l'Ile de Pâques dorment,
peut-être à jamais, au plus profond de ses entrailles...
Un dédale d'innombrables "lavatubes" transforme le sous-sol de Rapa Nui
en une meule de gruyère. La plupart de ces cavernes tortueuses, longtemps habitées,
firent office de refuges, de lieux de culte ou de sacrifices, de coffres-forts, de prisons,
de galeries d'art rupestre, de chambres funéraires, de mouroirs et même de maternités...
ANA AKA HANGA
Chaque famille possédait sa grotte sacrée où elle entreposait ses trésors, ses reliques
et ses dépouilles, sous l'inflexible protection des "AKU AKU", les esprits dormeurs...
ANA TEPAHU
Parfois, au plus profond du boyau,
un "puits de lumière" cisèle une étrange clairière où croissent les roseaux.
"Là où les voûtes effondrées donnent accès à la lumière et à la pluie, des jardins luxuriants étaient enterrés à l'abri des convoitises et des vents." Maurice Soutif (1987)
Une soudaine profusion de babaniers sauvages dissimule l'une des dix entrées d'ANA TEPAHU.
Irrésistible, l'envie de jouer les spéléos...
"La caverne ANA TE PAHU se développe sur 910 mètres et compte 10 accès,
3 jardins en profondeur, 5 réserves d'eau et 5 ensembles de terrasses ou espaces d'habitat."
Alain Gauthier (1987)
Fenêtres sur mer... ANA KINONGA
Gare aux nombreuses cavernes qui béent sur l'océan:
la marée montante en fait des pièges redoutables.
Pour accéder à ces cavernes sacrées, souvent, un même sésame préalable s'imposait:
d'abord, vaincre le vertige...
De nombreuses cavernes de Rapa Nui conserveront à jamais leurs secrets, voire leurs trésors,
leur entrée ayant été, pour toujours, obstruée par les Ancêtres eux-mêmes ou par les tsunamis.
ANA KAI TANGATA Son nom signifie littéralement:
"Grotte/ manger/ homme".
Ce qui donne lieu aux 3 interprétations suivantes:
"Grotte où les hommes venaient manger"
(simple lieu de pique-nique)
"Grotte qui mangeait les hommes"
(meurtrière car susceptible d'être submergée par les vagues)
"Grotte où l'on mangeait les hommes"
(lieu de repas cannibales).
Et c'est cette dernière version qui est la plus vraisemblable...
"Des cannibales avaient habité ces cavernes:
à part le rat local, leurs ennemis à deux pattes étaient le seul gibier
qu'ils puissent capturer sur terre." Thor Heyerdahl
De superbes fresques rupestres d'hommes-oiseaux, hélas très érodées,
ornent le plafond d'ANA KAI TANGATA.
Le bonbon rose d' OVAHE...
Dans son écrin pourpre de scories volcaniques rouges et de poudre de corail blanc,
ce site intime et enchanteur, tout ouvragé de cavernes et frangé d'écume, est, hélas,
interdit à la baignade. Courants obligent...
Un drôle de saurien sert de balcon à la caverne d'OVAHE.
Croco d'île...
Le lac de cratère du Volcan RANO KAU
"Une couche d'épinards au fond d'une marmite gigantesque." Thor Heyerdahl (1955)
Avec son diamètre de 1600 mètres et sa profondeur de 110 mètres, le lac de cratère du RANO KAU constitue une providentielle réserve d'eau douce pour la commune de HANGA ROA.
Ce site est surnommé "TE POKOURI A HAUMAKA O HIVA" ("le trou obscur de Hau Maka")
du nom du visionnaire qui aurait incité le premier roi HOTU MATU'A à s'exiler sur Rapa Nui.
Un kaléidoscope géant miroite, deux cents mètres en contrebas...
L'eau scintille de mille éclats dans ce labyrinthe d'îlets en joncs "totora".
Ce sont... les "Yeux du Volcan"...
"Dans le cratère du RNO KAU, les trous d'eau ne sont jamais aux mêmes endroits
mais se déplacent et se transforment d'année en année.
Tout est en mouvement dans la marmite de la sorcière." TEPANO (1955)
"Nous avons effectué un sondage dans un trou d'eau du cratère du RANO KAU à l'aide d'une ligne à plomb de 150 mètres. Nous n'avons pas réussi à toucher le sol ferme."
Père Sébastien ENGLERT (1955)
"Dans cet immense Colisée, d'une régularité parfaite,
des armées entières pourraient aisément manoeuvrer." Pierre LOTI (1872)
"Il est l'abri des grands repos, lorsque le soleil se joue dans le miroir de son immense marécage. Là, sur le pourtour des grottes, des hommes vécurent dans la magie d'un monde circulaire."
Francis MAZIERE (1964)
ORONGO 53 maisons elliptiques en basalte composaient, au 18ème siècle,
le site cérémoniel d'ORONGO, au sommet du Volcan RANO KAU (alt. 324 m).
MOTU KAO KAO MOTU ITI MOTO NUI
"La mer, éternellement amoureuse des trois îlets
qu'elle enlace..." Francis MAZIERE
MATA N'GARAU Le Culte de "l'Homme-Oiseau"...
Récupérer intact le premier oeuf de l'année, pondu par "Manutara",
la mouette sacrée, sur l'îlet de MOTU NUI:
telle était la mission réservée aux prétendants au titre annuel "d'homme-oiseau".
Ceux-ci s'affrontaient dans d'impitoyables épreuves:
course échevelée sur la crête vertigineuse de KARI-KARI,
descente des 300 mètres de falaise à mains nues,
traversée à la nage malgré courants et requins,
plusieurs semaines en opération-survie sur l'îlet,
récupération de l'oeuf
et retour effréné par le même chemin:
re-nage, re-requins, re-falaise et re-course...
Et si, par miracle, l'oeuf était récupéré intact, son pourvoyeur était proclamé
"homme-oiseau", personnage le plus important de l'île après le roi.
MATA N'GARAU
Plus de cent tags psychédéliques s'étalent sur ce promontoire chaotique.
C'est ici, sur ces rochers gravés de pétroglyphes à l'effigie de MAKE MAKE,
"Créateur de l'Univers"
et de KOMARI, Déesse de la Fertilité,
que le nouvel "homme-oiseau" déflorait, en public,
la jeune vierge qui lui était offerte pour épouse...
...Puis on passait tous à table pour de joyeux banquets... cannibales!...
AHU TE PEU
Lieu de résidence de la Tribu MIRU,
AHU TE PEU recèlerait la dépouille du Roi TUU KO IHU, inventeur des moaï "Kava-Kava".
Lieu de résidence de la Tribu MIRU,
AHU TE PEU recèlerait la dépouille du Roi TUU KO IHU, inventeur des moaï "Kava-Kava".
AHU TE PEU présente les ruines de maisons-bateaux, les "Hare Paenga", en forme de pirogues retournées, coiffées de chaume et où l'on n'accédait qu'en rampant.
Cette pièce à vivre de 45 mètres de long pouvait accueillir plus de cent personnes.
Autre construction typique de Rapa Nui, les "Manavaï"...
Des jardins ceinturés de murets spériques pour abriter plantations et semailles des intempéries.
Et les "Hare Moa" ("maison-poule"): sous une forteresse de rocailles, des labyrinthes souterrains où, seules, les volailles pouvaient s'aventurer, garantissant ainsi leur perennité.
Dans le moutonnement infini des dômes volcaniques, de larges sentiers,
parfois balisés de blocs de lave ou de rondins, invitent à la balade au grand air.
Introduits dans les années 1920 pour assurer un reboisement rapide de l'île dénudée,
les eucalyptus ont proliféré au-delà de toutes espérances.
Mais leur avidité en eau a accéléré d'autant, l'assèchement des terres.
Cette implantation malheureuse est considérée, aujourd'hui,
comme une véritable erreur écologique...
Trot, c'est trop!...
Les chevaux n'ont été introduits sur l'île qu'au 19ème siècle.
Mais leur prolifération exponentielle à l'état sauvage est devenue, aujourd'hui,
fort préoccupante, tant ils endommagent les sites archéologiques.
"Des hordes de chevaux sauvages, crinières au vent, faisaient jaillir des geysers de boue rouge, puis, partaient au galop vers d'autres solitudes." Francis MAZIERE (1964)
Et milans, ça suffit!...
Un remède pire que le mal...
Grâce à l'introduction de rapaces,
les rats ont été exterminés sur l'île où ils ont, longtemps, constitué un fléau.
Mais, aujourd'hui, les rongeurs disparus,
ce sont les faucons et les milans qui sont en surpopulation.
Ne disposant plus de proies sauvages, ces carnassiers se rabattent,
maintenant, sur la volaille domestique.
Le cheval épuisé a rendu l'âme près du moaï disloqué.
Aubaine passagère et providentielle pour les charognards qui pullulent...
"Une île entre le ciel et l'eau, inculte,
Un peu comme une insulte,
Sauvage, sans espoir de voyage..."
Serge LAMA
Et puis, soudain, des vagues de fleurs trahissent, à nouveau, la proximité humaine.
HANGA ROA n'est plus très loin...
Au sud d'HANGA ROA, d'impressionnants rouleaux propices à la pratique du surf, ourlent d'écume la piscine naturelle de PEA.
Les tubes de l'été...
"Les eaux de Rapa Nui constituent le plus grand "bleu" du monde, tant elles sont claires, limpides et vierges de toute pollution." Daniel PARDON (Plongeur professionnel)
Insouciants, les enfants délurés défient les vagues...
HANGA VARE VARE Une mère veille...
...Pendant que de troublants regards de pierre truffent
les parois de l'anse rocheuse de HANGA VARE VARE.
Les gradins du stade sont désespérément déserts...
Mais un arbitre hautement enturbanné veille à la régularité des ébats...
Pas de "derby" possible pour les footeux pascuans: le plus proche adversaire réside à 3747 km...
Mais, patience!
Le mouvement techtonique rapprochant l'île du continent à la vitesse de 6,5 cm par an,
dans 60 millions d'années, Rapa Nui et Chili ne feront qu'un...
L'écriture RONGO RONGO: mystère sur toute la ligne...
(imitations de tablettes rongo-rongo de fabrication artisanale contemporaine)
Probablement postérieurs à l'arrivée des Européens,
les "rongo rongo" sont des objets de bois précieux sculptés d'énigmatiques hiéroglyphes
qui résistent toujours aux tentatives de décryptages de nos meilleurs ordinateurs...
Tout au plus, sait-on que leur lecture s'effectuait en mode "boustrophédon"...
On estime à 2000 le nombre de ces tablettes en "circulation" au 19ème siècle.
Elles représentaient le patrimoine culturel de Rapa Nui.
Leur contenu faisant ombrage aux missionnaires européens,
ceux-ci n'eurent de cesse de les détruire.
Si bien qu'aujourd'hui, seules 26 de ces mystérieuses tablettes originelles
sont précieusement conservées dans les plus grands musées du monde.
Probablement postérieurs à l'arrivée des Européens,
les "rongo rongo" sont des objets de bois précieux sculptés d'énigmatiques hiéroglyphes
qui résistent toujours aux tentatives de décryptages de nos meilleurs ordinateurs...
Tout au plus, sait-on que leur lecture s'effectuait en mode "boustrophédon"...
On estime à 2000 le nombre de ces tablettes en "circulation" au 19ème siècle.
Elles représentaient le patrimoine culturel de Rapa Nui.
Leur contenu faisant ombrage aux missionnaires européens,
ceux-ci n'eurent de cesse de les détruire.
Si bien qu'aujourd'hui, seules 26 de ces mystérieuses tablettes originelles
sont précieusement conservées dans les plus grands musées du monde.
L'horizon s'embrase au large d'HANGA ROA
pour une ultime contemplation d'un couchant de feu sur le Pacifique...
Bon sang, mais c'est bien sûr!...
Alors, finalement?... Comment donc les moaï ont-ils été transportés?
La réponse figure au fronton d'un des lieux les plus gourmands de l'île, dont le patron,
un Breton pur sucre, est, lui-même, le clône fidèle de ce cher Obélix...
L'Aéroport de MATAVERI
Il est censé servir de piste d'atterrissage pour les navettes spatiales américaines en cas d'urgence...
Telle est la contrepartie accordée par le Général Pinochet aux Etats Unis qui ont financé la construction de la piste...
...Ce qui n'est pas du tout du goût des Pascuans qui croisent les doigts
chaque fois qu'un engin spatial s'élance de Cap Kennedy...
Les costumes des groupes folkloriques pascuans ne tolèrent aucune ambiguïté: les racines de Rapa Nui sont solidement ancrées en Polynésie... 
Derniers sourires de RAPA NUI....
En guise d'épilogue...
La France?...
Chronique d'un rendez-vous manqué avec l'Histoire...
1868… L’Ile de Pâques agonise, victime des razzias esclavagistes de 1862
et des épidémies qu’elles ont engendrées (Voir, plus haut, « La flottille de la honte »)...
Et c’est un Français (!) qui va lui porter le coup de grâce…
Cet aventurier trentenaire, mégalomane et sans scrupules,
se nomme Jean Baptiste DUTROU-BORNIER.
A la tête d’une poignée de mercenaires surarmés, il débarque, à grand fracas sur l’île
pour y faire régner, désormais, la terreur. Il procède à la persécution des missionnaires,
pousse les Pascuans à choisir entre le massacre et l’exil vers Tahiti et ne conserve,
contre leur gré, que 175 indigènes terrorisés, réduits au plus honteux des esclavages.
Ayant emprisonné le roi local jusqu’à ce qu’il en meure, il a l’outrecuidance d’épouser,
par la contrainte, sa veuve, KORETO, croyant s’assurer ainsi un semblant de légitimité,
pour, dans la foulée… s’autoproclamer « ROI de PAQUES,
au nom de la Troisième République » (!) sous le nom de « IOANE 1er ».
Au comble de son délire, il fait même séquestrer son épouse Koreto,
devenue gênante, dans une caverne d’Ana Oua !...
Ce règne inique va durer huit ans, ponctué d’exactions de toutes sortes,
comme le pillage systématique des bateaux qui parvenaient à accoster,
ou, mieux, qu’il faisait, lui-même, naufrager sur les récifs de Rapa Nui…
Et, puis soudain, en 1876, voici qu’il décède « tragiquement », victime, plus vraisemblablement, d’une embuscade d’esclaves excédés que du banal « accident de cheval » officiellement annoncé…
Le fait est que, quelques semaines plus tard, le scientifique français Alphonse Pinart,
de passage sur l’Ile de Pâques, procède à un consternant recensement de la population,
réduite à 111 individus dont 26 femmes seulement…
C’est alors, qu’au comble du désespoir, la Reine KORETO sollicite avec insistance,
auprès de la France, un « protectorat » semblable à celui dont bénéficiait Tahiti depuis 1842.
(Vu les circonstances, si cette démarche avait été acceptée, ce n’eut été alors pour la France, qu’une simple formalité). Mais, drapée dans sa méprisante suffisance, « la France »,
par la voix de son Ministre de la Marine, réfute avec dédain l’ardente supplique de Koreto,
arguant du fait que « l’Ile de Pâques ne présente aucun intérêt »…
On ne peut que rester confondu face à cette réponse éhontée des autorités françaises qui,
en la matière, n’ont pas voulu voir plus loin que le bout de leur nez.
Quel manque flagrant de perspicacité politique et stratégique !...
Et quelle pitoyable absence de la plus élémentaire humanité !...
Ainsi donc, tant par mépris que par bêtise, la France a manqué,
d’une façon bien peu glorieuse, son rendez-vous historique avec l’Ile de Pâques…
Déb’île !...
Le 9 septembre 1888, avec l’assentiment des 12 chefs de famille de Rapa Nui,
le Capitaine de Vaisseau Policarpo TORO-HURTADO réalise l’annexion de l’île en perdition,
au profit du Chili…
Toutefois, les épreuves et les malédictions rémanentes qui accablaient l’île depuis des siècles
ne devaient pas, pour autant, hélas, en rester là…
M.C.
Alors, pour, malgré tout ça, conserver le sourire...
Un brin d'humour et de fiction (encore que...)
Vertige à Rapa Nui
Années 50…
Aux temps heureux de mon enfance, chaque tablette de chocolat – denrée de luxe ! – abritait une petite image qui faisait partie d’une collection qu’une vie entière de cacaophage invétéré n’aurait jamais suffi à rassembler. L’une de ces images, un jour me fascina. On y assistait à un étrange face à face : tout en bas, à gauche, un minuscule bonhomme en chemisette contemplait, à droite, un gigantesque colosse de pierre qui l’écrasait de sa corpulence démesurée. Ma bonne maman, dont j’enviais la culture, m’expliqua « qu’il s’agissait d’un moaï, l’une de ces fameuses statues de l’Ile de Pâques, aussi mystérieuses qu’énormes, dont on ignore tout, le pour quoi et le comment, vraisemblablement sculptées par les Martiens, et que, de toutes façons, puisqu’elles trônaient, au bout du bout du monde, dans un pays de cannibales, nous n’irions, ni elle, ni moi, fort heureusement, au grand jamais, là-bas. »… Amen !...
C’était clair, net et précis. Ma mère venait de planter, à mon intention, sur l’Ile de Pâques, la pancarte « Territoire Interdit ». En fait, sans s’en douter, exacerbant ma fascination, elle venait, tout bonnement, de faire de cette île maléfique, ma Terre Promise… Sur ce, j’eus droit à mes deux carrés de chocolat réglementaires du dimanche que je laissais, lentement, fondre sur ma langue pour prolonger le plaisir, tout en contemplant l’effigie de ce ridicule petit bonhomme qui, lui-même, ne se lassait pas de contempler son drôle de géant…
Années 2000…
Après cinquante ans de vicissitudes, un beau jour de 2005, voilà que, enjambant délibérément la pancarte maternelle, je pose, un pied - pour ainsi dire - ému sur Rapa Nui, le véritable nom de l’Ile de Pâques. Les cannibales ne me mangent pas. C’est déjà ça… Ils s’avèrent même plutôt sympathiques et coopératifs. Et ils m’indiquent l’endroit le plus probable pour rencontrer le moaï de l’image : la carrière de Rano Raraku, où, paraît-il, stockées depuis des siècles, sur le flanc du volcan, 193 de ces sentinelles de pierre, stoïques quoique frustrées, attendent désespérément le signal de départ pour un voyage promis …qui ne se fera jamais.
Le lendemain, dès l’aurore, j’entreprends donc l’ascension de l’antique carrière, encore assoupie et déserte. Pour me donner du cœur à l’ouvrage, je gobe, sur le champ, deux carrés de chocolat. (Ca tombe bien, aujourd’hui, c’est dimanche !…). A l’horizon, le globe flamboyant du soleil émerge, à moitié, de l’océan. Me voici l’unique être humain dans cet univers irréel qui mêle, dans les embruns dorés de l’aube, toute une armée de géants pétrifiés à une horde fumante et frémissante de fiers chevaux sauvages. Pas à pas, une par une, je scrute, j’inspecte, je dévisage et je dissèque chacune de ces intimidantes statues nimbées de brume auxquelles le jour naissant semble, peu à peu, insuffler la vie. A vue d’œil, leurs ombres croissent et s’allongent, en rampant telles de noires couleuvres sur le gazon épars. La lumière rose et rasante empourpre et modèle leurs sévères visages burinés. Les traits s’affinent, les poitrines s’animent. Des pupilles éclosent et se dilatent dans les vastes orbites pourtant énuclées. Et par le jeu subtil des reflets et des ombres, les lèvres s’entrouvrent en soupirs, en rictus, en grimaces. J’assiste, médusé, au réveil du vieux Peuple de Pierre. Est-ce mon sang qui bat dans mes tympans ou sont-ce les cœurs des moaï en émoi qui palpitent ?...
Et puis, soudain, je le reconnais. « Il » se dresse devant moi, tel qu’en l’image : hautain, dédaigneux, dominateur. Il me pétrifie autant qu’il l’est lui-même. J’ai la fulgurante sensation de franchir le miroir. Le ridicule petit bonhomme en chemisette, tout en bas, à gauche, c’est moi !... Hypnotisé par le macrocéphale… Mais, les sourcils froncés, mon moaï n’a pas l’air content du tout. « C’est maintenant que tu arrives ? » semble-t-il me reprocher. Allons, bon… Mon embarras, toutefois, ne s’éternise guère : mon moaï esquisse un sourire. Mieux, même : il me fait un clin d’œil !... Tout alors se brouille autour de moi. Les moaï se balancent en cadence… Dans mon grisant vertige, j’entrevois un autre sourire : celui de ma bonne mère qui, de tout là-haut, offre sa bienveillante absolution à son polisson préféré pris en flagrant délit de désobéissance.
Alors, - allez donc savoir pourquoi - se répand dans ma bouche une intense, une délicieuse, une incomparable saveur de chocolat…
Et puis, soudain, état d’alerte : la sarabande cesse. Les moaï rectifient leur position et se figent à nouveau dans leur minérale léthargie : tout en bas, dans la vallée, le premier autobus de touristes japonais achève de se garer. Machinalement, je tends une main tremblante vers mon moaï qui s’en saisit !... Whoah !... De sa monstrueuse pogne de pierre, il broie vigoureusement mes frêles doigts de Lilliputien. Puis, d’un bref mouvement de menton, il semble me dire : « Allez ! Va-t-en, maintenant…File !... Et surtout, n’attends pas cinquante autres années pour revenir me voir… ». Promis, moaï, promis !... Je récupère, pêle-mêle, mes phalanges endolories, et, tout en effarouchant les mustangs couleur de feu, je dévale en courant l’échine d’émeraude du volcan. Un dernier regard vers le sommet. Là haut, solennelle, l’armée des moaï est à nouveau au garde-à-vous, prête à être passée en revue par le bataillon des Japonais Canonisés…
Quelques mois ont passé. Certains de mes proches prétendent que, depuis mon retour, je suis un peu affecté… Et alors ?... Vous croyez qu’une poignée de main de moaï, ça ne vous remue pas, un peu ?... Ils sont jaloux, voilà tout… Je suis allé sur l’Ile de Pâques et ils n’en reviennent pas…
Moi non plus, d’ailleurs… Pour l’instant, j’ai besoin de repos. Pas mal de repos.
Mais si vous le souhaitez, j’aurais, toutefois, plaisir à vous rencontrer.
A tout hasard, voici mon adresse :
Asile des Chardons bleus, Chambre 27, Pavillon des mythomanes.
Tel est donc le "reportage" sur le séjour que j'ai effectué sur RAPA NUI en Janvier 2005.
Rien de plus qu'un fragment de la partie émergée de "l'iceberg pascuan"...
Pour une découverte bien plus complète de l'Ile de Pâques, et notamment de sa fabuleuse
et captivante Histoire, voici quelques ouvrages précieux, voire incontournables...
HEYERDAHL Thor « Aku Aku Le secret de l’île de Pâques » (Phébus libretto 1957/2005)
Tous droits réservés concernant textes, photos et documents.
Michel Coulareau
Muret, France.
2005.
